Giovanna Repellini et l'architecte de Terre Sainte : la basilique de Gethsémani
De la lumière à l’obscurité… comme le Christ au moment où Il décide de prendre le chemin de croix. Un sentiment que Barluzzi éprouve également lors de la construction de l'impressionnante basilique de Gethsémani.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura - Milan
« La construction de la basilique de Gethsémani a été très compliquée, principalement pour des raisons techniques, mais aussi pour des raisons politiques. Il y a même eu une manifestation, et des affrontements... Il y avait toujours quelque part un opposant au projet. Mais personne ne pouvait arrêter quelqu’un comme Antonio Barluzzi. »
Malgré les difficultés de financement, les questions politiques et les conflits avec les autres communautés, la construction de Gethsémani s'est poursuivie, car Barluzzi portait dans son cœur un idéal. Giovanna Repellini souligne ainsi la grande foi de l'architecte de Terre Sainte.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura – Milan
« Barluzzi croyait profondément qu'en érigeant ces sanctuaires, il accomplissait la volonté de Dieu. C'est pourquoi je dis toujours : si l'on a Dieu comme client, personne ne peut nous arrêter ! C'était un homme qui pensait vraiment que son travail n'était pas seulement un travail, mais un idéal, et cette conviction lui conférait une grande force. Il était pourtant encore assez jeune quand il a travaillé sur le mont Thabor et à Gethsémani.»
D'un chantier à l'autre, Barluzzi fait des allers-retours pour suivre en même temps la construction des deux sanctuaires.
Contrairement au mont Thabor, il a voulu créer à Gethsémani un espace à la fois de triomphe et de souffrance. En latin, DOLENS – parce que Jésus a transpiré du sang - mais aussi TRIUMPHANS, parce que c'est à ce moment-là que commence la résurrection.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura – Milan
« D'ailleurs, selon moi, la façade TRIUMPHANS de la basilique de Gethsémani fait écho à l'arc de triomphe romain, car elle se veut la représentation du triomphe absolu du Christ. »
Selon Repellini, les 12 coupoles basses, dans le style byzantin, sont beaucoup plus modestes. Sur les côtés, les grandes fenêtres avec des vitraux violets de 7 tons différents sont également très intéressantes.
Au centre de l'église, on trouve la pierre où, selon la tradition, Jésus a pleuré. Cette idée de construire en incorporant des éléments archéologiques naturels est très claire une fois à l'intérieur de la basilique.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura – Milan
« Dans le projet original, l’église des nations, soit la basilique de Gethsémani, devait être financée par différents pays, et ses douze coupoles devaient contenir douze fresques différentes. Mais à ce sujet, une lutte acharnée s’est rapidement engagée entre les différents protagonistes du projet, et notamment Antonio Barluzzi. »
Pour Barluzzi, explique l’architecte, les dessins provenant des différents pays n'étaient pas en harmonie artistique avec son projet. Le changement de dépositaire à l'époque, et les autres obstacles qu’il rencontre, le convainquent que tout le monde est contre lui.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura – Milan
« On a confié à Barluzzi 12 églises. On voit qu'ils l'estimaient beaucoup, même si la fin a pris des tournures un peu compliquées.
La basilique a coûté plus cher que prévu parce que le bateau qui devait transporter le marbre a coulé et qu'il a dû faire un rachat. Ce n'était pas de sa faute, mais il a été blâmé parce que les prix avaient augmenté. »
L'architecte Repellini poursuit en décrivant l'intérieur de la basilique comme plein de poésie, de sacré. Barluzzi joue avec la lumière et l'obscurité pour aller à la rencontre de la poésie : ceux qui entrent dans l'église sont à la recherche du sacré, et éprouvent un sentiment profond, comme une prière de ceux qui cherchent la poésie.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura – Milan
« Quand j'ai dit au début que Barluzzi était imaginatif, parce qu'il cherchait la poésie, je voulais dire qu’il ne souhaitait pas simplement faire une église, un "sanctuaire" pour les pèlerins. Non, il cherchait à faire quelque chose qui inspire, qui provoque de l’émotion à l'intérieur, et qui rappelle l'épisode de l'Évangile. »
Chaque jour, des centaines de milliers de pèlerins et de touristes pénètrent dans ces sanctuaires. Émotion et dévotion pour les uns, curiosité archéologique et artistique pour les autres. Chaque personne est touchée de manière différente sur ces lieux où Jésus a marché et vécu.
GIOVANNA FRANCO REPELLINI
GFR Architettura – Milan
« Barluzzi voulait que la Terre Sainte crée chez le pèlerin un sentiment de dévotion et d’amour pour le Christ. C’est ce qu’il a cherché à créer dans tout son travail, et je dois dire qu’il y est parvenu. En tout cas, dans mon cœur, il a réussi. »